D'abord, il y a eu le poisson 

puis le lapin, puis le corbeau.

Drôle de bestiaire! Sacrées bestioles!

Mais le corbeau s'est envolé, il n'est plus resté que le lapin et ... le poisson. Comment faire une sculpture avec ces deux zozos?

Autant dire, vouloir marier la carpe et le lapin!

Mon tonton, usant volontiers d'un vocabulaire imagé, appelait un lapin "un cul-blanc" et une carpe, quand elle était vraiment grosse "un amour" parce que dans le fleuve Amour, là-bas en Russie, c'était le pays de Cocagne et le petit Père des peuples veillait à ce que ses peuples aient les plus beaux poissons, les plus beaux champs de blé et les plus beaux ... tout. C'est parce qu'il était communiste, mon tonton.

Et, alors j'ai fait le mariage de la carpe et du lapin, comme d'autres ont chanté le petit oiseau et le petit poisson qui s'aimaient d'amour tendre et comment s'y prendre quand on est dans l'eau?

Des carpes "Amour", il y en a des tas: des "argentées", des "blanches".

Et voilà, je tenais mon chaînon manquant: le blanc.

En cul et en amour.

Et c'est ainsi que ma sculpture s'est appelée "Amour et Cul-blanc"

Évidemment, c'est moins chic que "Amour et Psyché".

J'y ai bien pensé, mais c’était déjà pris.

Ce qu'il ne savait pas, mon tonton, c'est que là-bas, chez les Russes du fleuve Amour, " amour", ça  ne veut pas du tout dire "je t'aime", mais "boueux" , parce que le fleuve l'est beaucoup, d'où son nom et ,du coup, celui des carpes du même nom.

Mais, ça, je ne l'ai jamais dit à mon tonton, il ne l'aurait jamais cru.

Comme quoi, il suffit de croire aux histoires impossibles pour que le rêve se réalise.                  

                                                                                                                                                                                                MT